Les états généraux ont été engagés par le Chef de l’État à la suite de l’annonce faite cet été…
Depuis des lustres, la gestion de la Mission Outre-Mer n’a jamais été chose aisée. En effet, les établissements qui la composent sont disséminés dans 9 départements, 6 Cours d’Appel et plusieurs continents.
C’est dire si la tâche est ardue au regard notamment de l’éloignement et des décalages horaires induits. Si la plupart des directions interrégionales ont des plages horaires fixes, la Mission Outre-Mer doit, elle, fonctionner 24h/24 si elle veut garder le lien avec les Personnels affectés sur place.
Parallèlement, chaque territoire présente des spécificités sociales, démographiques et humaines assez tranchées. Généralement, on y affecte des chefs d’établissement plutôt orientés sur le « cocktail plage, soleil, farniente » que de véritables guides et/ou meneurs. Les personnels se retrouvent donc régulièrement dans un navire sans capitaine, sans destination précise et sans aucune dynamique. Ce qui n’est pas sans poser de problèmes en termes de représentation transversale avec les autorités locales. D’ailleurs, seul, le chef de la Mission Outre-Mer entretient des relations abouties avec ces dites autorités (Préfecture, Education Nationale, services de Santé, etc…). Le pilotage au plus près de la réalité est donc insuffisant et le manque de connaissance dans certains domaines est alarmant. L’UFAP UNSa Justice estime, pour sa part, que cette situation n’a que trop duré. Notre Organisation Syndicale titille la DAP, depuis quelques temps déjà, pour que les chefs d’établissements soient nommés pour leurs appétences PROFESSIONNELLES pour les Outres Mers et avec un ancrage territorial certain. De plus, faire de la MOM une véritable DISP sans en changer le mode fonctionnement n’aurait aucun impact sur la gestion actuelle des structures pénitentiaires (EP ou SPIP).
Une prise de conscience est absolument nécessaire pour que le besoin de reconnaissance des départements et territoires ultramarins soit enfin pris en considération. Cette reconnaissance doit notamment commencer, à minima, par le déploiement de structures adaptés (UHSI, UHSA, ERIS, SAS, etc…), comme c’est le cas en métropole, au sein de chaque zone géographique (Antilles-Guyane, Océan Indien, Polynésie Française, etc…).
Les contraintes étant nombreuses, il est impérieux de travailler sur l’ensemble des thématiques de la pénitentiaire d’Outre-Mer….
Surpopulation carcérale, dangerosité de la population pénale, surcoût des charges, avancement professionnel de l’ensemble des agents, formation initiale et continue, réinsertion sont autant de thèmes à aborder et de sujets à traiter… Pour avancer réellement, un plan global est nécessaire et non quelques rustines ici ou là…
Comment accepter, au 21ème siècle, la présence de dortoirs au sein de nos détentions, véritables coupe gorge, où git un certain nombre de matelas au sol ? Pourtant, c’est la triste réalité pour certains de nos collègues sur le terrain !… Pis, bon nombre de condamnés à de longues peines végètent dans les détentions, pendant plusieurs années, avant d’être affectés en établissement pour peine, après le passage obligé au CNE en métropole. Combien de temps faudra-t-il à nos dirigeants afin qu’ils se décident à mettre en place des sessions délocalisées, avec la création d’une équipe nationale dédiée qui se déplacerait dans les divers départements ?
Comment aider nos collègues des Antilles à lutter convenablement contre la violence des narcotrafiquants de leur zone ou de l’influence des gangs locaux ?
Comment mettre en place une plateforme d’achats afin de lutter contre l’institutionnalisation du surcoût ultramarin appliqué par les sociétés assoiffées par leur cotation en Bourse… ?
Comment permettre aux professionnels aguerris de pouvoir avancer socialement dans leur fonction ?
Comment mettre en exergue la formation continue, totalement délaissée dans beaucoup de structures ?
Comment instaurer de véritables parcours individualisés pour la réinsertion des détenus dans ces départements aux taux de chômage extrêmes élevés ?
Ce vaste programme est malheureusement loin, très loin d’être lancé…
L’UFAP UNSa Justice espère fortement que la mission d’appui, lancée par le Secrétariat général, ira dans le bon sens : celui de l’intérêt de l’ensemble des Personnels qui quotidiennement, avec professionnalisme et dévouement, remplit les missions dévolues au service public pénitentiaire avec les moyens du bord !…
Le projet de préfiguration de mise en place opérationnelle d’une organisation dédiée à l’Outre-Mer doit prendre en compte toutes ces considérations, sans omettre de faire preuve de pragmatisme et de réalisme ! …
L’avenir nous le dira…
David CALOGINE
Secrétaire général adjoint