La fuite en avant des responsabilités de l’institution et de ses dirigeants…

Depuis plusieurs semaines, les personnels de l’administration pénitentiaire sont plus que jamais sous la plume des médias pour diverses raisons, à Moulins, Bastia ou encore, à St-Martin de Ré dernièrement.

Nombreux sont les personnels abandonnés par leur hiérarchie, quasiment jamais confrontée à la violence. Leur seule qualité étant d’interpréter de manière subjective des images ou d’orienter les choses afin de se sortir de toute responsabilité. Et pour se déculpabiliser, le lampiste est tout trouvé : le personnel en tenue !

C’est pourquoi, l’UFAP UNSa Justice vient autant qu’elle le peut, soutenir nos collègues pris dans ces tourmentes, même lorsque l’affaire est jugée sept ans après les faits présumés et que les réquisitoires paraissent disproportionnés.

Pour rappel, six de nos camarades de Moulins ont eu le prononcé de leur condamnation par la Cour d’Appel de Riom pour une affaire de prétendues violences sur un détenu en 2014 (lors d’une intervention et constatation de blessures dans un délai loin du premier entretien avec le médecin).

L’UFAP UNSa Justice espère que le pourvoi en cassation permettra de reconnaître les nombreux arguments de la défense et que l’honneur de ces professionnels sera enfin lavé.

À Bastia, nos collègues, contrairement aux autres établissements cités, ont pu voir à leur coté la direction locale, même si cette dernière n’était pas présente à l’époque des faits. Cependant, le fonctionnement a été mis à mal et les cadres ont dû s’expliquer sur les méthodes de gestion de la détention. Sur ce point, il apparaît que l’île de beauté ne s’est pas servie du parapluie institutionnel régulièrement prêté par l’administration.

À La Rochelle, comparaissaient au tribunal judiciaire six de nos camarades pour le décès d’un détenu lors de sa conduite en cellule de prévention à la suite d’une violente agression. Le réquisitoire rendu de la Procureure de la République de la Rochelle porte sur trois demandes de relaxe et quatre demandes de prison avec sursis et des interdictions de professer dans l’établissement de St Martin de Ré ou de professer totalement. Le délibéré ayant été renvoyé au 27 Janvier prochain.

Le sentiment que partageaient les personnels en soutien, est que le « cancer » qui touche notre technocratie pénitentiaire est de croire que la politique d’angélisme de la PPSMJ puisse réduire la violence dans nos établissements.

La Justice et la prison ne font réellement plus peur à nos abonnés et les moyens donnés sont dérisoires lorsque des pathologies psychiques ou psychiatriques deviennent de plus en plus présentes dans nos établissements. La dangerosité est omniprésente, donc un élément prioritaire à prendre en compte et pourtant bien banalisé par nos responsables de structure.

Pas un jour dans une direction inter-régionale sans une agression, trafics ou menaces. Combien d’agents ont fait l’objet d’une non-reconnaissance en tant que victime, dans la mesure où l’agresseur était reconnu irresponsable de ses actes ? Ils sont de plus en plus nombreux !

Sans soutien, sans réaction concrète pour combattre ces réelles difficultés récurrentes, l’administration démontre qu’elle a complètement démissionné de son rôle sécuritaire, propulsant par effet de ricoché les personnels dans un contexte compliqué et violent. Ils deviennent les victimes d’une justice procédurière qui fait d’un fonctionnaire qui protège la société un « voyou en soif de maltraitance », enfermé dans des comportements violents. C’est INACCEPTABLE !

Nous dénonçons cette dérive et revendiquons que les agents travaillant dans notre institution aient à l’esprit que chaque personne détenue confiée par l’autorité judiciaire à l’administration pénitentiaire doit être entretenue, respectée et bénéficie de certains droits définis par la Loi. Il ne peut être cependant exclu que ces personnes confiées puissent notamment être imprévisibles, très dangereuses pour elles-mêmes ou autrui et régulièrement sous estimées dans leurs déviances par celles et ceux qui nous en donnent la charge.

Alors pourquoi ce dédain systématique envers les agents qui, faute de moyen et de formation en matière de légitime ou de self-défense, doivent se doter d’un don d’ubiquité pour parer à l’imprévisible et aux incertitudes ?

Que nous reste-t-il alors, lorsque sur la seule base d’une expertise médicale ou d’image interprétée à charge contre les personnels ? Aujourd’hui, tout agent peut se retrouver dans une spirale judiciaire, mis en examen ou condamné à la suite d’une intervention sur une personne détenue représentant un danger avéré pour l’avoir blessé de manière non intentionnelle…

Il reste alors, sans conteste, la seule solidarité des personnels pénitentiaires entre eux…

Luciano DUCCESCHI
Secrétaire national

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