La part active des femmes dans des affaires de terrorisme, islamiste ou non, n’a cessé de croitre ces dernières années.
La conséquence directe pour les Personnels pénitentiaires est une augmentation du nombre de femmes, écrouées et détenues, impliquées dans des infractions à caractère terroriste.
Leur présence au sein de nos détentions pose la question de leur suivi et prise en charge au quotidien ainsi que de leur capacité à être vecteur de diffusion d’une idéologie, politique ou religieuse, auprès des autres détenues.
Depuis 2002, les femmes sont de plus en plus acteurs et même auteurs de tentatives et/ou d’actes de terrorisme : les 19 femmes kamikazes de la prise d’otage du théâtre de Moscou ont servi d’exemple aux femmes européennes. Dans d’autres pays, au Moyen-Orient ou au Nigéria par exemple, les femmes kamikazes existent depuis bien plus longtemps encore.
Le premier attentat suicide commis par une femme européenne, sur une zone de combat, remonte à novembre 2005. Muriel DEGAUQUE, une belge, se fait exploser dans la région de Bagdad au passage d’un convoi militaire américain.
Considérées comme les victimes de leur mari ou de leur père, ces nouveaux profils, trop longtemps déresponsabilisés par la Justice, nécessitent aujourd’hui que la stratégie pénitentiaire de détection, d’évaluation et de prise en charge soit adaptée à ce public spécifique.
L’attentat raté contre la cathédrale Notre-Dame en septembre 2016 à Paris constitue un avertissement sérieux de leur engagement idéologique et de leur volonté de participer pleinement au combat.
Également, en mars 2017, le ministère de la Famille, de l’Enfance et des Droits des Femmes indiquait que les femmes représentent 27.5 % des personnes signalées « radicalisées ».
L’engagement des femmes a évolué : épouses, mères, filles, cette tranche de population est devenue candidate à l’acte terroriste. Les femmes ont les mêmes motivations et sont tout autant déterminés que les hommes.
Depuis 2016, l’UFAP UNSa Justice interpelle régulièrement les autorités pénitentiaires sur un nécessaire renforcement de la politique carcérale menée à l’égard des femmes terroristes ou radicalisées, notamment par la création de structures adaptées à ces nouvelles figures du terrorisme.
Pour notre organisation syndicale, il n’y a aucune différence entre un homme et une femme en matière de terrorisme : les niveaux de détermination et de dangerosité sont les mêmes !
La Justice française, dans ses décisions et prononcés de peine, à changer son regard sur l’engagement des femmes en matière terroriste. L’UFAP UNSa Justice considère que l’administration pénitentiaire doit également faire évoluer ses méthodes d’évaluation et de prises en charge de ce public.
Il est donc nécessaire que le dispositif actuel en milieu carcéral soit renforcé par la mise en place d’un processus d’évaluation et de prises en charge des femmes terroristes ou signalées radicalisées, à l’identique des détenus hommes.
Cette nécessité est d’autant plus importante qu’il ne fait aucun doute que, tôt ou tard, les femmes présentes sur une zone de conflit seront rapatriées en France… C’est une question de temps et de politique internationale.
L’UFAP UNSa Justice prend acte de la prise de conscience tardive de la DAP et de son projet de créer un Quartier d’Evaluation (QER) au CP Fresnes et un Quartier de Prise en charge de la Radicalisation (QPR) sur le site du CP femmes de Rennes.
Pour autant, l’ouverture de ces deux structures ne peut se concevoir sans toutes les garanties de moyens humains, matériels et architecturaux nécessaires à la sécurité des Personnels et à l’étanchéité totale de ces structures.
Wilfried FONCK
Secrétaire national